Auteure, conférencière et “Goodwill Ambassador” de la ville de Copenhague, Malene Rydahl est l’experte de référence sur les thématiques du bonheur et du bien-être.
Parmi ses nombreuses recherches, elle étudie et s’inspire du modèle Danois, jugé le « pays le plus heureux du monde » d’après de nombreuses études scientifiques.
Sa volonté : transmettre ses connaissances afin de valoriser le bonheur, tant dans ses composantes personnelles que dans le monde du travail où son impact économique est vérifié. En conférence, Malene Rydahl délivre les clefs du management danois qui a fait ses preuves pour augmenter la productivité, la créativité et la fidélité des employés dans un monde où les entreprises se battent pour les meilleurs talents.
Voici notre interview exclusive avec Malene Rydahl sur la thématique du bonheur.
Question London Speaker Bureau France : Le bonheur n’est pas une notion aisée à décrire. Quelle est votre définition ?
Malene Rydahl : Je pense en premier lieu qu’il est trompeur de se représenter le bonheur comme un état de satisfaction permanente. D’après moi, le bonheur est une construction. Être heureux, c’est avant tout être libre d’être fidèle à soi-même. C’est la possibilité de choisir une voie qui correspond à qui l’on est réellement, et suivre ses rêves — et c’est beaucoup plus concret qu’on ne se l’imagine.
Des études scientifiques estiment que 50% de notre potentiel de bonheur dépend de facteurs génétiques ; 10% est lié à des événements extérieurs qui nous affectent. Les 40% restants dépendent de ce que l’on construit, ce qui est, somme toute, considérable !
Quelles sont les clés du bonheur ?
Je pense qu’il faut commencer par un état des lieux. Je demande souvent aux employés des entreprises que je visite : « Savez-vous pourquoi vous êtes là ? » La réponse ne va pas de soi. Beaucoup d’employés n’arrivent pas à donner une autre raison que le besoin de payer leurs factures. La première clé, c’est cette question. Si l’on sent que ses choix de vie et ses choix professionnels sont motivés par quelque chose qui dépasse la simple nécessité, on est déjà sur la bonne voie.
Quand ce n’est pas le cas, il faut remonter en amont : qu’est-ce qui nous fait nous lever le matin ? S’il n’y a toujours pas de réponse satisfaisante, il faut se demander ce qui pourrait nous donner envie de nous lever. Une fois la réponse trouvée, il faut s’y accrocher, et en faire le point de repère à partir duquel évaluer ses choix personnels.
Pourquoi le Danemark est-il une source d’inspiration ?
Le Danemark est un tout petit pays, mais il est régulièrement placé en tête du classement World Happiness Report des Nations Unies. Ma conviction est que cela n’est pas dû au hasard, mais plutôt à une interaction subtile entre des valeurs, des coutumes et des institutions efficaces.
Le bonheur danois se retrouve également dans le monde du travail : le Danemark est le premier pays du classement Eurostat sur la satisfaction au travail, avec 45% des salariés se déclarant hautement satisfaits de leur travail. Les valeurs qui rendent les Danois heureux ont inspiré une méthode de management simple et efficace : la définition d’un projet commun fort, porteur de sens, et la mobilisation des salariés autour de ce projet. Bien entendu, ces principes restent aussi efficaces lorsqu’on les applique ailleurs qu’au Danemark.
Les entreprises ont-elles vraiment besoin du bien-être pour réussir ?
Beaucoup de dirigeants et cadres, sans être mal intentionnés, ont du mal à comprendre l’enjeu du bien-être au travail pour leur entreprise. En revanche, ils ont souvent une idée plus précise des manifestations du mal-être au travail : le burn-out —vis-à-vis duquel 3 millions de Français seraient en situation de risque —, plus récemment le bore-out (épuisement lié à l’ennui) et le brown-out (épuisement lié à l’absurdité des tâches).
Ces phénomènes bien connus des managers sont des manifestations minoritaires d’un phénomène plus vaste : le désengagement au travail. Une étude de l’institut Gallup montre que 87% des travailleurs dans le monde ne se sentent pas engagés dans le travail. Réussir sans bien-être, et donc sans engagement, n’est pas impossible, mais il faut être prêt à affronter les conséquences : rotation forte des équipes, forts coûts de recrutement, recours fréquent aux arrêts maladie, lourdes procédures de contrôle, conflits internes, rétention d’information, etc. À long-terme, c’est un choix beaucoup plus coûteux et risqué que celui du bien-être.
D’après vous, le bonheur repose sur la confiance, la liberté d’être soi et l’existence d’un projet commun ayant du sens. Comment cela s’applique-t-il au monde du travail ?
La confiance détermine comment les gens agissent dans leur environnement de travail. La grande majorité des salariés n’a pas besoin de surveillance et de procédures lourdes pour faire leur travail correctement. Au lieu de gaspiller leur énergie à suivre les procédures, ils pourraient utiliser leur temps d’une meilleure manière, en travaillant sur quelque chose de vraiment utile pour l’entreprise. Dans son « HOW Report » publié en 2016, le cabinet de conseil et de formation LRN a estimé que les entreprises faisant confiance à leurs salariés étaient 11 fois plus innovantes et 6 fois plus performantes sur le long-terme que les entreprises où le niveau de confiance est faible.
La liberté d’être soi a deux significations en entreprise : 1. l’autonomie et la stimulation des idées innovantes ; 2. le respect des personnalités et des choix. Aujourd’hui, les carrières sont moins influencées qu’avant par les déterminismes sociaux, et davantage par le caractère et les intérêts personnels. Les entreprises qui comprennent cela ne se contentent pas d’offrir du travail plus épanouissant, mais sont aussi plus innovantes et évolutives.
Enfin, je pense que le projet commun est l’élément central permettant de relier les objectifs personnels et collectifs. Les dirigeants d’entreprises auront bien du mal à définir le projet de leur entreprise s’ils n’ont pas réfléchi au sens de leurs propres choix de vie. Imaginez à quel point cela peut être difficile, pour des salariés, de trouver un sens à leur travail lorsque leur entreprise ne sait pas ce qu’elle veut être et où elle veut aller !
Comment aidez-vous les organisations et les personnes à comprendre les enjeux liés au bien-être ?
En servant d’exemple pour les principes que je défends ! Ma formation en management m’a conduite vers le domaine de la communication d’entreprise, au sein duquel j’ai exercé pendant 18 ans. En accord avec mes valeurs, j’ai ensuite choisi de me consacrer à l’étude et à la réflexion sur le bonheur. Le succès de mon premier livre, Heureux comme un Danois (Grasset, 2014), m’a encouragée à me consacrer à plein temps à une carrière d’auteur, de conférencière et d’executive coach spécialisée sur cette thématique.
Ces trois activités sont tournées vers le même objectif, chacune à un niveau différent. En tant qu’auteur, je souhaite contribuer à une meilleure connaissance de tout ce qui rend les gens heureux, à la fois individuellement et collectivement. En tant que conférencière, mon rôle est d’aider un public spécifique à comprendre comment le bien-être peut contribuer à améliorer son action. Enfin, en tant qu’executive coach, j’ai la possibilité de soutenir, de manière continue et individualisée, des dirigeants qui souhaitent repenser la manière de gérer leur organisation.
« Malene Rydahl – Hygge »
Interview vidéo réalisée en anglais dans nos bureaux. Malene partage avec nous quelques clés sur le bonheur des Danois.
Pour en savoir plus sur Malene Rydahl et lire son profil de conférencière, cliquez ici.
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