Ancien champion de motocross, et désormais champion de natation handisport, Axel Alletru est un athlète de haut niveau, un conférencier, et le fondateur d’HBS Sport, une association de réinsertion via le sport.
Alors qu’il était considéré comme une figure montante du motocross, Alex Alletru effectue une chute grave lors des Championnats du Monde de 2010 en Lettonie, et se retrouve alors paraplégique à l’âge de 20 ans.
On lui prédit le fauteuil à vie, mais son mental d’acier et une rééducation intense lui permettent d’apprendre à remarcher, aidé de béquilles. En 2011, il décide de se lancer dans la natation handisport, et est aujourd’hui 12 fois champion de France, et recordman sur le 50 et le 100m nage libre.
Le handicap me donne cette force de pouvoir toujours innover et m’adapter très vite selon la situation
Dans cet entretien exclusif, Axel Alletru évoque son apprentissage de la résilience, comment surmonter les moments douloureux pour en sortir grandi, mais aussi comment il préserve sa motivation de champion au quotidien.
Vous tombez amoureux du BMX et du motocross très jeune. Qu’est-ce-qui vous attirait dans ces sports à haut risques ?
J’ai toujours été attiré par la vitesse, les sauts et cette sensation de faire corps avec le vélo ou la moto.
Au lendemain de votre grave accident, les médecins affirment que vous ne remarcherez plus. Comment réagissez-vous face à ce verdict extrêmement dur ?
Au début, j’ai senti que tout s’arrêtait et que ma vie est terminée. J’avais déjà vu des amis en fauteuil roulant, mais on ne se met jamais à leur place jusqu’à ce que ça nous arrive. Mais avant de penser que je ne remarcherai jamais, j’ai décidé de tout mettre en œuvre pour récupérer au maximum ma mobilité et de ne rien lâcher tant que je peux encore fournir des efforts.
Aujourd’hui, contre toute attente je marche et je pense que si j’avais abandonné dès le début, je ne serais pas là ou j’en suis aujourd’hui.
Vous suivez alors une longue et intense rééducation durant laquelle vous vous battez en continu. Comment réussissez-vous à garder le moral et à ne pas vous laisser gagner par le découragement durant cette période ?
Chaque jour était une nouvelle chance pour moi avec de nouveaux objectifs, j’avais un objectif global que je découpais en plusieurs étapes, pour avoir des petites victoires le long de ma rééducation et ne jamais perdre espoir. J’ai appris aussi beaucoup sur la patience. Mais en visualisant le l’image finale et tout le chemin que j’ai parcouru, j’arrivais toujours à me reprendre en main et à continuer le chemin.
En 2011, vous vous lancez dans la natation handisport. Qu’est-ce-qui motive cette décision ? Pourquoi la natation ?
J’avais le choix, entre reprendre les études ou refaire du sport. Puis j’ai vu à un moment les Jeux paralympiques à la tv et là je me suis dis que je voulais de nouveau être un champion. Après tout, le sport c’est toute ma vie ! Je me suis donc lancé dans la natation handisport avec pour objectif les jeux olympiques de RIO 2016. J’ai choisi la natation car c’est un sport ou je me sens libre dans l’eau, je me sens presque valide et puis surtout un sport où je suis autonome pour l’entrainement. C’est très important quand on a un objectif d’être champion olympique.
Vous évoquez aujourd’hui votre handicap comme étant l’une de vos forces. Qu’est-ce-qui vous a permis de transformer cette épreuve en une opportunité, et comment y êtes-vous parvenu ?
Aujourd’hui, je dois constamment m’adapter aux différentes situations du quotidien. Le handicap me donne cette force de pouvoir toujours innover et m’adapter très vite selon la situation. Depuis toutes ses années maintenant après mon accident, je vois la vie autrement, je râle moins et je profite des moments importants de la vie qu’on a parfois tendance à oublier.
Quels sont vos projets futurs ? Souhaitez-vous vous lancer dans une nouvelle discipline par ex ?
Sur le court terme, je projette de gagner le rallye Dakar. La course est en 2020 mais les préparatifs ont déjà commencé ! A côté de ce beau projet qu’est le Dakar, je veux devenir le conférencier et l’influenceur numéro 1 sur la résilience, la motivation et le dépassement de soi. J’ai envie de redonner de l’espoir aux personnes, quelque soit la situation à surmonter. Je veux aussi sensibiliser et changer le regard sur le handicap. J’ai envie de jouer ce rôle, car à l’époque où j’étais dans mon lit d’hôpital, je ne trouvais pas de personne qui pouvait me faire rêver et me donner de l’espoir pour continuer d’avancer, de se dire que la vie n’est pas terminée et qu’il y’a encore pas mal de chose à vivre après un accident de la vie. 
Vous donnez aujourd’hui des conférences à travers toute la France. Quelles leçons tirées de votre expérience partagez-vous dans le monde de l’entreprise ?
La gestion d’un échec, la motivation au quotidien, la prise de décision et la notion de risque, l’adaptation et la capacité à trouver des solutions pour avancer. J’évoque aussi souvent la notion de bonheur, car avec le rythme de nos jours les gens ont tendance à oublier cette notion qui est la base de notre vie. A travers mon parcours de combattant de ces 28 dernières années, je mets à profit mon expérience de résilience et persévérance pour aider les collaborateurs à surmonter les difficultés rencontrées dans la vie d’entreprise.
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