BASE jumper chez Red Bull et pionnier du vol en wingsuit
Pionnier du BASE jump et du vol en wingsuit, Cédric Dumont est membre de l’équipe RedBull depuis 2000. Diplômé en Sports et Psychologie de Haut Niveau, il a commencé sa carrière en tant que coach, transmettant la force mentale et les compétences nécessaires pour que d’autres athlètes atteignent leurs objectifs.
Aujourd’hui, Cédric Dumont partage son temps entre ses expéditions, et ses activités de conférencier, d’écrivain et de consultant. Dans cet entretien exclusif, il évoque sa préparation mentale, sa gestion des risques et l’hyper-conscience.
Comment avez-vous débuté le BASE Jump ? Avez-vous toujours été attiré par les sports extrêmes ?
J’ai peur de la mort, mais je n’ai pas peur de vivre.
Pas du tout, au départ je jouais au golf ! J’ai beaucoup joué de mes 8 à mes 20 ans et je voulais devenir pro. Cependant, j’ai opté pour des études car je n’étais pas assez bon et avec du recul, je pense avoir fait le bon choix.
En parallèle, j’ai toujours été fasciné par le vol et je suis parti après mes études en Californie afin de devenir pilote d’hélicoptère.
J’ai passé mes licences, mais cela m’a vite lassé car je recherchais quelque chose de plus intense et libre. J’ai réalisé mon premier saut en parachute à 22 ans. Après, vous connaissez l’histoire : BASE jump, wingsuit et aujourd’hui j’ai plus de 11 000 sauts à mon actif.
Ceci-dit, j’ai commencé le ski à 3 ans et le surf à 7 ans, donc les sports de glisse faisaient aussi partie de ma vie.
Vous risquez votre vie à chaque nouveau saut. Comment gérez-vous votre peur ?
On ne le perçoit pas comme cela, sinon on ne le ferait pas. Ce sont des risques très calculés et tout se fait étape par étape, c’est un processus, pas un objectif final. J’utilise ma peur, je la « positive » et je la gère avec une bonne préparation à tous niveaux, mais avant tout, je l’accepte, la peur fait partie de la vie.
Personne ne gagne la bataille, on va tous mourir un jour et sans s‘en rendre compte, on prend tous des risques au quotidien. Sans faire la morale, aujourd’hui la pollution, les maladies cardiovasculaires, la route, tuent chaque jour en silence.
J’ai peur de la mort, mais je n’ai pas peur de vivre.
Vous évoquez régulièrement l’importance de la préparation mentale en sport de haut niveau. Comment travaillez-vous votre mental avant une nouvelle expédition ?
C’est un travail d’équipe avant tout, sans mon équipe, je ne ferai pas d’images ni de contenu. Cela commence par une vision et objectifs communs, mais avec une diversité au sein de mon équipe.
Après il faut une communication positive, transparente et efficace.
Et enfin, le plus important, la confiance. Tout commence par la confiance, en soi, mais aussi faire confiance aux autres. C’est une science, mais sans confiance, il n’y a pas de croissance ni d’ « empowerment ». Après il y a notre préparation, le focus et l’envie de le faire.
L’hyper-conscience semble occuper une place de choix dans votre routine. Pouvez-vous nous en dire plus sur cet état, et comment l’atteindre ?
C’est un état de performance optimale, mais aussi de pleine conscience et de bien-être, tout cela est lié. C’est la meilleure version de vous-même, on appelle cela « la zone », « le flow ».
Ce sont des réactions neurochmiques qui déclenchent des substances tels que l’endorphine, norepinephrine, dopamine, serotonine et anandamide. Aujourd’hui on arrive à contrôler et à déclencher cela en créant un environnement spécifique avec des « triggers » et des techniques, comme la méditation par exemple.
C’est une concentration optimale avec un lâché prise total. Dans mon environnement à risque, c’est une question de survie !
Après avoir réalisé autant de sauts, l’adrénaline et l’excitation restent-elles intactes aujourd’hui ? Qu’est-ce-qui continue à vous motiver ?
L’adrénaline est parfois présente, mais pour moi cela représente une peur négative. Ce qui me motive est d’une part la progression technique du vol humain et d’autre part continuer à gérer mes émotions et rester performant sous pression. Partager cela avec des entreprises et sportifs de haut niveau me passionne !
Vous semblez vivre à 100 à l’heure. Quels conseils donneriez-vous à une personne ayant peur de sortir de sa zone de confort ?
La première chose est de vouloir sortir de sa zone de confort. Cela commence par une prise de conscience : connaître ses forces, se fixer des objectifs clairs, intégrer des habitudes positives dans sa vie et son travail et surtout rester focus sur ses priorités et l’essentiel.
Tout commence par avoir un « growth » mindset et un « purpose », c’est la base afin de grandir. Aujourd’hui, dans un monde qui change très vite, nous devons être capable de se réinventer en permanence afin de rester « relevant ».
Vous animez aujourd’hui des conférences en entreprise. Quel parallèle tirez-vous entre l’univers des sports extrêmes et le cadre plus traditionnel des entreprises ? Comment « orientez-vous » vos speechs ?
Il y a énormément de parallèles entre mon environnement « à risque » et le monde de l’entreprise.
Toutes mes conférences et workshops sont divisés en 3 parties : « Inspiration », « Leadership » et « Connection ».
Nous prenons tous des risques, nous devons rester performant sous pression, gérer sa peur et son stress, prendre des décisions rapides, rester engagé, bref être la meilleure version « de soi » afin d’être ultra performant dans un monde qui bouge constamment et de plus en plus vite.
Dans mon environnement « à risque », c’est une question de survie !
Dans le monde de l’entreprise, c’est une question de rester agile, résilient et performant. Les outils que l’on applique et utilise chez nous sont les mêmes qu’en sport de haut niveau et en entreprise. Cela commence par une prise de conscience, faire les bons choix et obtenir de meilleurs résultats.
Je pars du principe que l’on peut avoir d’excellentes compétences, les bonnes ressources, une bonne technologie, les bons produits, etc. mais si nous ne disposons pas d’un « mindset » fort et positif, on utilisera pas son plein potentiel. J’appelle cela les « soft KPI’s ».
En psychologie de la performance, je parle beaucoup de la différence entre avoir un « growth mindset » et un « fixed mindset ».
Quelqu’un qui a un fixed mindset est persuadé que ses talents sont prédéterminés et inchangeable. Il n’aime pas l’échec et est vite frustré, bref, c’est une personne qui ne se remet pas en question et déteste recevoir des conseils. Un exemple très clair est la « complaisance ». Dans mon environnement « à risque » cela tue. En entreprise cela rend un travail ou même un business très vite obsolète.
Quelqu’un avec un « growth mindset », est très ouvert d’esprit, à soif d’apprendre, se remet tout le temps en question, accepte l’échec et perçoit cela comme un apprentissage. C’est une personne qui arrive à se réinventer en permanence afin de rester agile et « relevant » dans un monde qui bouge en continue.
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