Figure emblématique du base jump et pionnière du wingsuit
Championne de freeride pratiquant également le base jump et la wingsuit, Géraldine Fasnacht est dotée d’une soif d’exploration intarissable.
Après avoir remporté l’X-Treme de Verbier, la compétition de freeride la plus difficile au monde, la Suissesse devient également la première à sauter du sommet du Cervin, célèbre sommet alpin à 4 478 mètres d’altitude, en wingsuit.
Dans cet entretien exclusif, celle que l’on surnomme la femme-oiseau nous parle de performance dépassement de soi, et de gestion des risques.
A l’âge de 21 ans, vous décidez de quitter votre travail pour vous consacrer à 100% au freeride. Comment en êtes-vous venu à prendre cette décision « risquée » ?
je voulais simplement vivre mon rêve et ne pas rêver ma vie
Participer à l’X-treme de Verbier, au côté des meilleurs riders du monde, était mon rêve depuis l’âge de 15 ans. J’ai tout donné pour pouvoir avoir un jour le niveau pour pouvoir descendre cette montagne (le Bec des Rosses, 3222m), c’était ma chance. Je devais donner 100% de mon temps pour m’entrainer au plus haut niveau afin de pouvoir m’exprimer en toute sécurité sur cette face aussi technique et raide (55° de pente). La chute n’est pas possible. Ce qui m’a permis de faire le pas dans cette décision est que je voulais simplement vivre mon rêve et ne pas rêver ma vie.
Comment avez-vous appréhendé cette transition conséquente dans votre vie ? Quelle a été la réaction de votre entourage ?
J’adorais mon travail à l’aéroport de Genève, je venais d’avoir une promotion pour le poste que j’ai toujours voulu, mon salaire me permettait de beaucoup voyager et j’adorai le fait de pouvoir pratiquer les langues tous les jours, être indépendante et mes collègues.Je savais que je quittais une certaine stabilité et que j’allais devoir réadapter mon mode de vie. Mais je savais aussi que j’allais vivre à l’endroit de mes rêves, Verbier, au milieu des montagnes, ma source d’énergie, en pratiquant tous les jours ma passion pour pouvoir être à la hauteur de la compétition la plus extrême du monde, X-Treme de Verbier, en mars 2002.
Mon entourage a plus ou moins bien réagit, au début, face à ma décision. Ce sont les réactions de chacun qui m’ont permis d’avoir autant de conviction dans ma décision et de réussir au plus haut niveau.
Le basejump et la wingsuit sont réputés comme des activités extrêmement dangereuses. Comment gérez-vous la peur, le danger et les risques ? Avez-vous un rituel avant chaque saut ?
C’est un entrainement et une préparation régulière qui me permettent de garder le plus haut niveau dans mes activités. Être dans le terrain tout le temps me permet d’être très alerte aux conditions et de pouvoir prendre les bonnes décisions. De plus, il est indispensable d’être rigoureux lors de mes préparations comme lorsque je prépare mon avion pour aller voler. C’est pour cela que je dis que je suis pilote de wingsuit car j’utilise la même préparation méthodique. Mais ce qui reste le plus important, c’est de ne jamais tomber dans l’habitude, même lors de répétitions régulières sur un même site. Chaque vol et chaque saut est différent. Il est indispensable de rester alerte et à l’écoute des conditions et de tout ce qui m’entoure.
Vous avez côtoyé la mort de près. N’avez-vous jamais eu envie d’opter pour une vie plus tranquille ?
La perception de la vie tranquille est propre à chacun. J’ai la chance de vivre en pleine nature au travers de mes passions et de faire corps avec des éléments incroyables en traçant ma ligne sur la neige et dans les airs.Chaque matin, je me dis que j’ai de la chance de pouvoir m’inspirer de la nature et faire ce que j’aime.
Après avoir réalisé autant d’exploits, l’adrénaline et l’excitation restent-elles intactes aujourd’hui ?
Oui car chaque nouveau projet est un nouveau challenge. Composer avec la nature n’est pas toujours quelque chose de facile, je dois m’adapter et lorsque j’ai la chance d’avoir des conditions optimales, après une préparation parfaite, l’excitation est à son comble.
Qu’est-ce-qui continue à vous motiver ?
Les gens que je rencontre, les nouvelles opportunités qui s’offrent à moi, des sommets qui me font rêver, des nouveaux projets excitants,…
Quel a été le moment le plus marquant de votre carrière ?
Il y en a eu plusieurs. Dans l’ordre croissant, il y a mes différentes victoires à l’X-Treme de Verbier, l’ouverture du premier saut du continent le plus au sud de la planète, en Antarctique, l’ouverture des Drus, du Cervin qui est l’emblème de la Suisse et du Mont Rose. Il est difficile de citer exactement ces moments car ils sont nombreux. Chaque nouvelle aventure m’apporte des souvenirs marquants et inoubliables.
Quels conseils donnerez-vous à une personne souhaitant réaliser ses rêves ?
Depuis petite, j’ai toujours rêvé de glisser et de voler depuis les plus beaux sommets du monde.
La vie est courte et il est important de faire ce que l’on aime. Les rêves sont faits pour être réalisés. La vie n’est pas faite de regrets mais de réalisations. J’aime cette citation du Petit Prince « Fais de ta vie un rêve, et de ton rêve, une réalité ».
Depuis petite, j’ai toujours rêvé de glisser et de voler depuis les plus beaux sommets du monde. A l’école, on m’a régulièrement demandé d’arrêter de regarder dehors le soleil qui brille ou la neige qui tombe, d’arrêter de rêver et de commencer à travailler. J’ai beaucoup travaillé pour atteindre mes objectifs mais je n’ai surtout jamais arrêté de rêver. Et aujourd’hui, je vole avec mes propres ailes.
Vous aussi, n’arrêtez jamais de rêver car même les rêves les plus fous se réalisent.
Vous animez aujourd’hui des conférences en entreprise. Quel parallèle tirez-vous entre ces deux mondes qui peuvent sembler très éloignés ?
Ils sont à première vue très éloignés mais finalement très similaires. Car dans nos activités nous devons gérer des projets, des équipes, des risques… nous devons également mettre en place des stratégies pour ne pas perdre d’énergie et de temps inutilement dans des conditions extrêmes en haute montagne. Il est essentiel de composer avec les conditions qui s’offrent à nous et de se préparer pour être prêt le jour J.
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