Pilote, aventurier et inventeur suisse, Yves Rossy est le premier et le seul homme dans l’histoire de l’aviation à voler avec une aile à réaction.
Yves Rossy, celui que l’on surnomme Airman, Jetman, ou encore Rocketman, a toujours été fasciné par le plus ancien rêve de l’homme : voler ! D’abord pilote de chasse, puis pilote de ligne, il consacre plus de 10 années au développement d’un système de vol aussi naturel que possible. Une fois sa formule finalement au point, il enchaîne les exploits aériens : il devient le premier homme à survoler la Manche en 2008, survole le Grand Canyon en 2011, et vole autour du mont Fuji en 2013.
Trouvez votre flamme et alimentez là ! Suivez qui vous êtes au plus profond de vous.
Aujourd’hui, Yves Rossy partage son expérience unique et les leçons qu’il en a tiré, afin d’inspirer et de motiver son audience. Dans cet entretien exclusif, il évoque sa fascination pour le ciel, et la nécessité de persévérer pour réaliser ses rêves.
Comment a débuté votre carrière dans l’aviation ?
Ma carrière dans l’aviation a commencé par l’aviation militaire. C’est lors d’un meeting d’aviation que j’ai découvert la patrouille Suisse que ma passion a débuté. Le bruit, l’énergie, les fumigènes créaient une ambiance fantastique, j’étais fasciné ! C’est ce qui m’a convaincu de devenir pilote !
J’ai été pilote privé, puis pilote militaire pendant plus de 6 ans jusqu’à devenir pilote de ligne et commandant sur Airbus.
Avez-vous toujours souhaité voler ?
Depuis l’enfance j’ai été fasciné par l’idée de voler. J’habitais un village dans la campagne et beaucoup d’avions volaient au-dessus de ma maison ; notamment des vols militaires à basse altitude… je trouvais ça génial ! Mon père était également fasciné par les aviateurs, ce qui a dû également accroître ma passion.
Plus tard je me suis intéressé au sport aérien et aux acrobaties en avion, parapente, deltaplane et parachute. C’est à la suite de la découverte du saut en parachute que je me suis lancé dans le développement « Jetman ».
Vous avez consacré de nombreuses années à développer votre système d’aile à réaction. Avez-vous connu des moments de découragement ? Qu’est-ce-qui vous a permis de continuer à y croire ?
Finalement on peut dire que ça fait 25 ans que je développe ces systèmes ! Je suis passé par le « Sky Surfing » et ensuite avec des ailes sur le dos.
J’ai connu de nombreux moments de découragement. Je m’exerçais beaucoup en Espagne au-dessus de régions inhabitées et heureusement car j’ai parfois dû lâcher mes ailes ; où le parachute pour l’aile avait été détruit. Ce qui signifiait un retour à zéro après parfois plus de 6 mois de travail… effectivement ça décourage !
En revanche quand cela fonctionnait, ces moments de « beauté » étaient tout simplement incroyable et valaient la peine de quelques découragements. La nature humaine a d’ailleurs un avantage qui est de se souvenir plus facilement des moments forts et positifs que des déceptions.
Mais il y a toujours cette petite flamme qui nous pousse… ça s’appelle la passion ! Et sans l’expliquer, j’ai toujours eu au plus profond de moi ce rêve de voler, toujours plus haut, toujours plus vite, de jouer avec les nuages !
Cette passion, cette flamme qui brûle en moi, c’est ce qui me fait continuer d’y croire au quotidien. C’est mon moteur de vie ! Peu importe la passion que l’on a. Une fois que l’on exerce sa passion, on est habité par cette « flamme ». C’est ce qui nous pousse à atteindre le meilleur et à oublier toutes ces déceptions. Les petites victoires et les moments de satisfaction lorsque l’on atteint le but que l’on s’est fixé sont magiques et nous refont partir après chaque coup dur.
L’environnement joue également beaucoup dans ma motivation : mes amis, ceux qui m’entourent et ceux qui partagent ma passion me donnent toujours la force et l’envie d’y arriver.
Après avoir réalisé autant d’exploits, l’adrénaline et l’excitation restent-elles intactes aujourd’hui ? Qu’est-ce-qui continue à vous motiver ?
Je suis contre l’adrénaline. L’adrénaline, c’est quand on a peur ! C’est une sorte de réaction chimique de survie et je n’aime pas ces moments là.
Moi j’aime bien ce que j’appelle « le moment de beauté ». C’est lorsqu’on contrôle à 100% la situation et que l’excitation est au rendez-vous. Lorsqu’un pilote de F1 est sur la grille de départ, il est tendu mais c’est cette tension positive qui le galvanise et le pousse à atteindre le meilleur.
D’après mon expérience, ce qui me permet d’atteindre cet état de pleine confiance afin d’atteindre mon objectif, c’est lorsque je suis pleinement préparé face aux éventuelles mauvaises situations : problème mécanique (réacteurs qui calent), 1er parachute qui ne s’ouvre pas ou qui se met en torche, etc. C’est ma préparation maximale qui me permet d’éviter cet état de « peur ». Je suis tendu, mais positivement. Je n’ai pas d’adrénaline, mais j’ai de l’excitation !
Mes aventures sont des moments de découverte complet. On ne sait pas où on va, ça n’a jamais été réalisé auparavant. Ainsi, une fois pleinement préparé, quand je quitte l’hélicoptère et commence mon vol et que je me jette vers l’inconnu, ça se transforme en moment de « plénitude extrême » car il n’y a pas d’avant, pas d’après. On est complètement là et ces moments uniques sont magnifiques ! Même quand les choses ne se passent pas finalement comme prévu.
J’aborde ma préparation avec la même philosophie que quand j’étais pilote de ligne avec parfois 200 vies entre mes mains : toujours avoir une porte de sortie, avoir un plan B de telle façon à ne pas me faire peur, mais me faire plaisir.
Cette exploration de l’inconnu, comme tout explorateur, lorsque je pars explorer les « marges du vol », c’est extrêmement gratifiant !
On m’a souvent dit : « est-ce que vous n’êtes pas un peu fou ? ». Je dis oui, il faut être un peu fou.
Mais quand je vois le monde actuel et certains qui sont définis comme « sages », comme les banquiers par exemple, qui prennent des risques énormes avec des sommes colossales ne leur appartenant pas… Je préfère être un peu fou…
Quels conseils donneriez-vous à une personne souhaitant réaliser ses rêves ?
Soyez persévérant !
Pour les rêves qui comportent des risques, il faut alors être persévérant, prudent et penser à un plan B.
Pour tous ceux qui ont des rêves – sauf des rêves qui sont « mortel » – il faut y aller et essayer. On ne risque rien d’essayer, au contraire, essayer ne vous apportera que du bonus ! Croyez-moi, on apprend plus des fautes que des succès, c’est pour ça que dans la vie, il faut essayer, toujours et encore.
Allez de l’avant et explorez même si on trébuche pendant le voyage !
Vous racontez régulièrement vos expériences lors de conférences auprès de publics très différents, notamment en entreprise. Quels sont les enseignements clés que vous souhaitez partager ?
Règle numéro 1 : « Allez-y, faut se lancer, ça fait partie de la vie ! ». Il faut prendre des risques.
D’ailleurs, la vie est très dangereuse, on finit tous au cimetière…
Je partage cette notion de « flamme », cette « passion ». Autant faire de notre vie quelque chose de beau. Qu’importe l’activité qu’on entreprend, notamment pour son travail, il faut se poser la question suivante : « Est-ce que j’ai du plaisir à le faire ? ». Si c’est juste alimentaire, c’est bien dommage ! Nous vivons dans des pays riches qui nous permettent d’avoir ce choix. L’un des choix est de commencer par se poser la question « Est-ce que j’ai envie de faire ce que je fais ? ».
J’ai eu cette chance d’avoir eu le choix, de choisir ce que j’avais vraiment envie de faire et j’ai lutté pour. C’est une lutte qui n’est pas si impossible car au fond, c’est ce qu’on a envie de faire.
Trouvez votre flamme et alimentez là ! Suivez qui vous êtes au plus profond de vous.
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