Homme d’affaires, philanthrope engagé et spécialiste du digital, Alexandre Mars a créé et vendu avec succès de nombreuses startups durant les 20 dernières années.
Aujourd’hui, cet entrepreneur à succès se consacre principalement à Epic, une startup à but non lucratif qu’il a fondée, dont l’objectif est d’amplifier la capacité des personnes et des entreprises à avoir un impact grâce au don. Dans cet entretien exclusif, Alexandre Mars nous parle d’Epic et de ses objectifs, de la philanthropie en Europe et aux États-Unis, et partage ses conseils aux entrepreneurs en herbe.
En 2014, vous lancez Epic. Quel est votre objectif avec cet ambitieux projet ?
J’ai fondé Epic comme une réponse aux besoins identifiés du secteur philanthropique. En effet, fidèle à mon parcours d’entrepreneur, j’ai d’abord mené une étude de marché pour comprendre pourquoi les gens ne donnaient pas plus et mieux. Et ensuite, en utilisant notamment des méthodes comme le Design Thinking et l’Innovation Ouverte, nous avons conçu des solutions adéquates et innovantes pour permettre aux donateurs de donner non seulement de façon stratégique mais aussi de vivre leur philanthropie de façon inégalée grâce notamment aux nouvelles technologies.
Comment sélectionnez-vous les organisations sociales mises en avant ?
La plupart des entreprises et individus qui souhaitent placer le bien social au cœur de leur activité ou leur quotidien sont confrontés à plusieurs difficultés : le manque d’expertise dans la sélection des organismes bénéficiaires ainsi que le manque de transparence et de confiance dans le suivi des dons. Pour répondre à ces principaux freins au don, nous sélectionnons des organisations et des entreprises sociales à fort impact au travers d’une méthodologie sophistiquée et selon 45 critères de sélection. Nous élaborons ensuite un monitoring qui couvre toutes les dimensions de l’organisation sociale et non pas uniquement un projet ou un programme spécifique. Nous mettons ensuite à la disposition des donateurs des éléments objectifs pour évaluer la capacité de ces organisations à atteindre leurs objectifs sociaux.
A ce jour, nous avons examiné la candidature de plus 4 000 organisations sociales et nous en comptons 30 dans 12 pays différents dans notre portefeuille. Il est important de rappeler que 100% de l’argent reçu par Epic est reversé à ces organisations. Cette solution d’impact est l’une des solutions parmi d’autres que nous proposons.
Dans l’Hexagone, il est parfois mal vu d’associer business et philanthropie, alors que la situation est très différente aux États-Unis. Comment réagissez-vous à ces différences de mentalité ? Quels sont les forces et faiblesses de notre modèle ?
En France, la notion de l’Etat-providence est particulièrement ancrée. On pense donc que c’est seul le rôle de l’Etat de s’attaquer à tous les maux. Aussi, il ne faut pas confondre citoyenneté et philanthropie. J’entends souvent les gens me dire qu’ils sont philanthropes parce qu’ils payent leurs impôts alors que c’est un acte citoyen. C’est ce qui permet de scolariser nos enfants ou encore d’être soigné. Il n’est de secret pour personne qu’aujourd’hui l‘Etat ne peut à lui seul combattre les inégalités parce qu’il n’en a plus les moyens. L’Etat redistribue quand il le peut encore, mais ce n’est pas uniquement lui qui possède les richesses. Celles-ci sont désormais majoritairement entre les mains des entreprises. Dans le contexte actuel où les inégalités ne cessent de se creuser et sont de plus en plus visible, la générosité ne doit pas se calculer en “ou” mais en “et”.
Véritable serial entrepreneur, vous avez créé de nombreuses startups à succès, dont votre première à 17 ans. Quels conseils souhaiteriez-vous donner à un jeune entrepreneur souhaitant se lancer ?
Je parle souvent du « TPT » – « Team, Product and Timing » – pour évoquer les conditions de réussite. En effet, il vous faut non seulement une bonne équipe et un bon produit, mais il faut également maîtriser l’art d’être prêt au bon moment. Si j’avais lancé Epic quelques années plus tôt ou plus tard, ça n’aurait pas forcément fonctionné.
Quel a été le moment le plus mémorable de votre carrière, votre plus grande satisfaction ? Et, à l’inverse, le moment le plus difficile ?
C’est un moment mémorable à chaque fois que je me rends sur le terrain dans le cadre de la sélection des organisations sociales du portefeuille Epic. J’ai le privilège d’être le témoin du travail extraordinaire des organisations et entreprises sociales. C’est aussi un moment unique lorsqu’un entrepreneur ou un chef d’entreprise, en moins de 10 minutes de discussions, signe notre promesse du partage “l’Epic Sharing Pledge”, et accepte de donner une part de ses bénéfices au bien social parce qu’il a envie de changer la donne. C’est aussi un moment extraordinaire lorsqu’à la fin de mes conférences des jeunes que toutes les entreprises rêveraient d’embaucher me disent leur envie de travailler pour Epic, des salariés qui me demandent comment agir pour entrer dans le mouvement. Tous ces moments sont mémorables, alors ne m’en voulez pas si je n’arrive pas à en choisir un seul.
En tant qu’entrepreneur, vous prenez souvent des paquets d’écume. Quand j’avais 22 ans, on m’a ri au nez parce que je misais sur Internet et expliquais que le Minitel allait mourir en France. Quelques années plus tard on m’a encore ri au nez parce que j’ai tout misé sur le téléphone mobile alors qu’on balbutiait avec les SMS, et que la 3G venait tout juste d’être lancée en Corée du Sud…Bref, je n’ai pas été à l’abri des sourires en coin. Il faut savoir s’en servir pour aller vers un niveau supérieur.
Quel est le ‘top 3’ des conseils que vous partagez lors de vos conférences ?
Le succès ne sert à rien s’il n’est pas partagé.
100% des gagnants ont tenté leur chance donc lancez vous et n’ayez pas peur d’un échec !
Soyez acteur du changement : trouvez la façon de partager et de donner qui vous convient le mieux et adoptez-la de façon systématique.
Quels sont les leaders qui vous inspirent et pourquoi ?
Nelson Mandela pour sa dignité, sa détermination et son combat sans faille à œuvrer pour un monde meilleur. Bill Dayton, le fondateur d’Ashoka, pour son leadership dans le domaine de l’entrepreneuriat social. Lucie Aubrac, l’immense résistante, pour son courage, son engagement et son militantisme infatigable de la mémoire.
Quelle est votre ‘citation’ favorite ?
Celle de l’Abbé Pierre :
Le contraire de la misère, ce n’est pas la richesse. Le contraire de la misère, c’est le partage.
Découvrez l’intervention d’Alexandre Mars au « Global Positive Forum – Qui a le pouvoir d’accélérer la révolution positive ? »
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