Keynote speaker bertrand jouvenot speaking

Entretien exclusif avec Bertrand Jouvenot – Expert en Stratégie Digitale

Conférencier, expert en innovation et en stratégie digitale, et également auteur de son récent ouvrage : « Le digital à toutes les sauces ».

Keynote Speaker Bertrand JouvenotBertrand Jouvenot a acquis une solide expertise dans le domaine du marketing et de la transformation digitale, ayant participé au lancement de l’une des premières marketplaces en ligne, ainsi qu’au lancement de l’un des premiers smartphones en Europe. Il souhaite aujourd’hui mettre ses connaissances et son expertise au service de tous.  Il a ainsi compilé ses « meilleurs recettes » et business cases dans son dernier ouvrage intitulé « Le digital à toutes les sauces ». Bertrand Jouvenot a accepté de répondre à nos questions et de nous faire part de ses conseils afin d’accompagner au mieux la digitalisation au sein des organisations.

À travers vos expériences professionnelles, vous avez accompagné le développement du web depuis ses débuts. Au fil des années, quelles sont les tendances majeures que vous avez pu déceler ?

Les plus respectés des business thinkers, des gurus de la technologie ou des pionniers du web admettent avec humilité à quel point ils n’ont pas su voir avant l’heure la véritable nature de la révolution digitale.

En synthèse, le web a engendré :

  • La formation d’un nouvel espace inédit dans l’histoire, un écosystème composé de 60 trillions de pages web (en incluant celles générées dynamiquement), 50 millions de blogs dès les années 2000 (avec deux nouveaux blogs chaque seconde), 65 millions de vidéos postées sur YouTube chaque jour, soit 300 heures de vidéos toutes les minutes en 2015.
  • La conversion des particuliers, historiquement cantonnés aux rôles de spectateurs passifs avec la télévision, en de véritables utilisateurs actifs, auteurs, producteurs et créateurs… de contenus.
  • L’émergence d’un phénomène planétaire non orchestré par qui que ce soit. Toutes les entreprises de financement réunies du monde entier n’auraient jamais eu assez d’argent pour soutenir un tel développement du digital, à une telle échelle et en si peu de temps.
  • Les conditions pour que de nouvelles technologies, apparaissant à un rythme jamais observé par le passé, se combinent entre-elles afin de favoriser l’émergence d’innovations majeures.
  • Un simple smartphone est un concentré d’innovations multiples : batterie lithium-ion, Internet, navigation GPS, reconnaissance vocale, intelligence artificielle…
  • La génération de données exploitables par les entreprises dans des proportions exprimées dans des unités encore inconnues du grand public pour la plupart tant les volumes sont considérables.
  • La concentration de la richesse engendrée par la nouvelle économie entre les mains d’une poignée d’acteurs symbolisés par les GAFA (Google, Amazon, Facebook et Apple) qui, avec 418 000 collaborateurs en tout, ont désormais une valorisation boursière cumulée de $2,3 trillion, soit un montant proche de celui du PIB français, la richesse d’un pays comptant 67 millions d’habitants.
  • L’apparition d’une véritable course folle entre quelques entreprises américaines et, en arrière-plan, chinoises comme les BATX (Baidu, Alibaba, Tencent, Xiaomi), pour devenir la première société à atteindre le trillion de dollars de chiffre d’affaires au sein d’une nouvelle économie caractérisée par l’accélération et dans laquelle le raccourcissement du cycle de vie des entreprises (pouvant enregistrer des croissances jamais vues par le passé tout comme être remplacées en un rien de temps par un nouvel entrant), semble devenir la norme.

Vous avez été acteur du développement de stratégies digitales au sein de secteurs très complémentaires tels que le luxe, la mode, la distribution… Avec du recul, quels secteurs ont présenté le plus de défis lors de leur transformation et pourquoi ?

Le secteur qui me semble avoir le plus de défis à relever est celui du luxe. Comme je l’ai développé dans le troisième de mes livre, Mode & Internet, Internet impose aux secteurs du luxe de continuer, comme il l’a toujours fait d’ailleurs, à judicieusement positionner le curseur entre des contraires. Sélectivité et massification, discrétion et communication, retenue et prise de paroles, exclusivité et développement commercial, prudence et innovation, contrôle et ouverture, etc.

Quelles attitudes les entrepreneurs doivent-ils adopter aujourd’hui afin de tirer le meilleur profit des innovations technologiques ?

Du côté des individus, nous ne pouvons qu’écouter le directeur du Media Lab du M.I.T., Joi Ito, qui dans son livre visionnaire Whiplash* encourage chacun à passer de l’éducation à l’apprentissage. Il définit l’éducation comme ce que l’on nous fait : d’autres que nous, des parents, des institutions (écoles, universités, etc.) nous enseignent, dans un cadre établi, des savoirs organisés, structurés (programmes d’écoles, contenus de formations, cursus, etc.). A l’opposé, Joi Ito décrit l’apprentissage comme une démarche plus personnelle, davantage proactive, permanente et résolument plus en phase avec les enjeux futurs.

Revenu à l’entreprise, le salarié se trouve pour la première fois invité à devoir assurer par lui-même l’effort nécessaire à l’évolution de ses compétences, au développement de ses connaissances, à son adaptation ininterrompue à un monde qui change constamment.

Selon vous, quels seront les défis majeurs liés au digital auxquels les entreprises devront faire face dans un avenir proche ?

La révolution digitale impose à toute entreprise autant qu’à chaque individu qui la compose de relever des défis aussi passionnants qu’ambitieux :

  • Passer du contrôle des ressources à l’orchestration de ressources en tous genres.
  • Passer de la simple optimisation interne de l’organisation à la gestion des interactions de l’entreprise avec l’externe.
  • Passer du focus sur la création de valeur pour le client à la création de valeur pour, dans et avec un écosystème.

Le concept de votre livre « Le digital à toutes les sauces » est très original et innovant. Comment vous est venue l’idée d’aborder le digital selon un angle culinaire ?

C’est en discutant avec l’un de mes plus fidèles lecteurs, mais aussi le plus critique, mon père, que m’est venu l’idée. Comme je parlais de mon projet de livre avec lui, ce dernier a commenté en disant « Ah, je vois, encore un livre de recettes ! ». Le déclic s’est alors produit dans mon esprit : présenter un livre de fiches pratiques, du type boîte à outils, mais de manière plus savoureuse. Le digital à toutes les sauces était né.

Si vous ne deviez retenir qu’une seule des recettes citées dans votre livre « Le digital à toutes les sauces », laquelle serait-elle et pourquoi ?

Ce serait certainement la recette du Digital Quotient. La transformation digitale d’une entreprise passe par une phase d’audit. L’aboutissement de cette étape clé peut se traduire par la détermination d’un Digital Quotient.

Le Digital Quotient ou Quotient Digital en français mesure le niveau de maturité digitale de votre entreprise de manière objective, universelle et cohérente. Son calcul s’effectue au moyen d’une évaluation à 360°.

Elle permet à votre entreprise d’identifier clairement ses forces et ses faiblesses digitales tant au niveau global qu’au niveau de chacune des composantes de son organisation.

Cette méthode permet de renforcer, d’affiner ou de moduler les aspirations digitales de votre entreprise en apportant une vision claire et précise des actions à mener pour réussir votre mutation digitale, renforcer votre avantage compétitif dans le temps et améliorer vos performances.

Toute entreprise est dépositaire d’une intelligence, mais celle-ci la prédispose-t-elle à la digitalisation ? Le Digital Quotient aide à répondre à cette question.

En outre, la méthode présente plusieurs intérêts :

  • L’entreprise est passée intégralement au crible d’une grille d’analyse du digital.
  • Une vision claire, objective et exhaustive de l’entreprise, face à un monde qui se digitalise, émerge.
  • La granularité de la restitution aide ensuite à la construction de stratégies opérationnelles.
  • Les échanges entre les participants, autour de certaines notations à attribuer, sont souvent très riches.
  • L’occasion est donnée à celles et ceux tournés vers l’innovation d’affirmer leur leadership.

Pour conclure, quelle est votre « citation » favorite ?

Je vais tricher un peu en en évoquant plusieurs.

La première est de Gandhi et remplie de tolérance et surtout d’une tolérance qu’il convient d’avoir vis-à-vis de soi-même :
« Il faut plus de force à un homme pour pleurer, qu’il ne lui en faut pour retenir ses larmes », Gandhi.

La seconde est plus légère et tellement pleine du bel esprit français :
« Je ne bois du champagne qu’à deux occasions. Quand je suis amoureuse. Et quand je ne le suis pas », Coco Chanel.

La troisième est de Rickson Gracie et remplie de sagesse :
« L’esprit est comme un parachute, il marche mieux quand il est ouvert », Rickson Gracie.

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