Patrick Baudry est astronaute, ambassadeur de l’UNESCO, écrivain et conférencier.
Deuxième astronaute français envoyé dans l’Espace en 1985 à bord de la navette américaine DISCOVERY, Patrick Baudry est aussi un pilote émérite, pilote de chasse, pilote d’essais, pilote de ligne, totalisant plus de 14 000 heures de vol sur plus de 300 appareils différents : avions de combat, avions commerciaux, hélicoptères, de toutes sortes. Spécialiste des activités spatiales et aéronautiques, il est également conférencier et écrivain.
Après avoir suivi l’entraînement des cosmonautes soviétiques, Patrick est formé pour effectuer des expériences scientifiques dans des domaines tels que la physiologie, la biologie ou encore l’astronomie. Il rejoint ensuite le corps des astronautes de la NASA à Houston, avant de devenir conseiller pour les vols spatiaux habités chez EADS en charge du projet de navette spatiale européenne HERMES, puis pilote d’essais principal pour Airbus dont il présente tous les prototypes dans les grands salons internationaux : Le Bourget, Dubaï, Farnborough, etc…
Dans cet entretien exclusif, Patrick Baudry nous parle de son parcours, de son expérience dans l’espace, de la conquête spatiale aujourd’hui, et de ses autres activités.
Vous débutez votre carrière en tant que pilote, était-ce un rêve d’enfant ? Comment devenez-vous ensuite spationaute ?
Devenir Pilote était effectivement déjà mon rêve à l’âge de 4 ans, et c’est ainsi que je suis devenu pilote de chasse dans l’Armée de l’Air française puis pilote d’essais. C’est alors qu’en 1979 a été décidé le premier vol spatial franco-soviétique, et je me suis porté naturellement candidat ! Sélectionné avec Jean-Loup Chrétien parmi plus de 2000 candidats, nous sommes partis en URSS, au centre d’entrainement des cosmonautes : la cité des étoiles. Dans ce milieu d’excellence, j’ai appris mon métier de cosmonaute pendant plus de deux ans. C’est ensuite qu’a été décidé le premier vol spatial franco-américain et que j’ai rejoint le corps des astronautes américains à Houston, Texas en 1984. Après maintes péripéties, j’ai enfin décollé de Cap Canaveral à bord de la navette spatiale Discovery le 17 juin 1985 !
En 1985, vous devenez le second Français à voyager en orbite autour de la Terre. Quel impact a eu cette expérience sur le reste de votre existence ?
Voler dans l’espace c’est avoir la possibilité de regarder sa propre planète de l’extérieur, et c’est une expérience humaine extraordinaire. Autant par la beauté de ce que l’on voit que par la portée psychologique et philosophique de cette expérience. Cela a changé définitivement mon regard sur la vie et sur notre Terre. J’ai été tout naturellement amené à répondre à la curiosité des gens, adultes et enfants. Je l’ai fait au cours de nombreuses interventions et conférences. Parallèlement, je me suis consacré au développement d’un véhicule spatial pour l’Europe, qui s’appelait Hermès, projet qui a été, hélas, abandonné en 1993.
La France entière a suivi la mission de Thomas Pesquet au sein de la station spatiale internationale l’année dernière. Quel regard portez-vous sur la conquête spatiale à l’heure actuelle, plus de 30 ans après votre vol à bord de DISCOVERY ?
Mon regard sur la Conquête spatiale actuelle demeure passionné mais de plus en plus sévère. Il me semble que l’on fait du “sur-place” depuis plus de 30 ans, ce qui dans mon l’esprit est à l’exact opposé de la Conquête ! Il est plus que temps d’ouvrir de nouvelles voies dans l’exploration de l’Espace comme l’ont fait les Astronautes du programme Apollo il y a déjà 50 ans. Ce que nous fêterons dignement les 20 et 21 juillet 2019 !
Que pensez-vous du projet de colonisation de Mars comme celui d’Elon Musk ?
Ainsi, je suis un fervent défenseur et admirateur d’Elon Musk, convaincu qu’un grand projet de colonisation de Mars est effectivement la voie à suivre. L‘installation d’une station permanente sur la Lune peut être, à cet égard, une étape intermédiaire, ce que l’administration de Donald Trump a d’ailleurs fort bien compris.
Vous êtes aujourd’hui Ambassadeur de bonne volonté de l’UNESCO. Pouvez-vous nous en dire plus sur votre rôle auprès de l’UNESCO ?
Après avoir été convaincu que le plus important était la planète que nous laisserions à nos enfants, je suis convaincu aujourd’hui que le plus important ce sont les enfants que nous laisserons à notre planète. Mon action au sein de l UNESCO correspond à cet idéal et je me consacre à l’éducation des enfants dans des pays d’Afrique où elle est difficile, voire même parfois inexistante.
Vous êtes également conférencier, intervenant auprès de start-ups ou de grands groupes. Le monde de l’espace et celui de l’entreprise semblent pourtant très éloignés. Quelles similitudes existe-t-il entre ces deux univers ?
Le monde de l’espace et celui de l’entreprise sont au contraire très similaires. Il s’agit tout d’abord de progresser et de conquérir des territoires nouveaux dans des circonstances et un milieu difficiles, voire hostiles. Quel que soit l’environnement et les moyens techniques, l’humain demeure la matière première essentielle : comprendre, être motivé, être responsable, sentir son appartenance à un groupe, avoir conscience de l’âme qui fédère ce groupe, sont les facteurs essentiels qui permettent d’avancer et de gagner. L’esprit d’équipe et la solidarité sont les clefs de l’accomplissement. Les expériences que j’ai vécues au sein de mes équipages dans l’espace et au sein des différentes organisations, soviétiques, russes, américaines et européennes ont été pour moi un enrichissement extraordinaire que j’aime partager dans les différents milieux de l’entreprise, de la plus petite à la plus grande.
Et chez l’Homme, l’imagination et la créativité n’ont pas de limite, et encore moins de frontières.
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